Le poids étant le vieil ennemi du randonneur, il est tentant de s’équiper d’une tente ultra-légère pour mieux supporter son barda. 1 kg , 1,5kg, voire moins d’1 kg. Ça fait rêver. En plus, quand c’est très léger, c’est souvent très compact, ce qui est bien agréable également.
Si les avantages ne nécessitent pas de longues explications, je veux, dans cet article, attirer votre attention sur les limites et les contraintes d’une tente de randonnée ultra-légère.
C’est en pesant le pour et le contre, qu’on s’assurera que les grammes en moins ne sont pas des galères en plus…
Vous cherchez une tente très confortable, super solide et ultra-légère ? Je crois que ça ne va pas être possible… Il va falloir trouver les bons compromis.
Quel compromis sur le confort ?
Voici quelques aspects de confort, sur lesquels il vous faudra peut-être déterminer votre niveau d’exigence minimum ou bien les points « optionnels » auxquels vous êtes prêts à renoncer si cela vous permet de gagner du poids :
- La surface au sol de la chambre.
A moins de 1m20 de large, il sera compliqué d’y mettre 2 matelas et 2 dormeurs sans se gêner un peu. Certaines tentes sont également plus étroites au pied (sur RayonRando.com, on vous précise si la tente est une « fausse » 2 places ne permettant pas de mettre 2 matelas gonflable standards côte à côte).
Voulez-vous garder près de vous des affaires pour la nuit ? Dans ce cas, il vous faudra une certaine largeur ou une grande longueur.
Prenez en compte également le gabarit du dormeur : votre voisin et sa carrure de pilier de rugby ne pourra pas se faire plus petit. - Le volume intérieur (la hauteur notamment). Plus c’est haut et volumineux, plus il faut de tissu et de métal, donc de poids.
Certaines tentes légères (type tunnel notamment) économisent du poids par une faible hauteur : cela ne permet pas toujours de s’assoir ou de se changer confortablement. Si vous comptez seulement vous glisser dans la tente pour dormir, ça peut être suffisant. Si vous voulez plus d’aise pour vous abriter durant la pluie, lire, manger ou vous changer, cela peut être pénible.
D’autres sont plus hautes côté tête que côté pieds, ce qui préserve un certain confort. Il existe bien sûr des tentes légères et spacieuses, mais dans ce cas, elles utilisent des matériaux plus fins et fragiles (cf point suivant).
- Le nombre et la taille d’abside. Avoir 2 entrées latérales et 2 absides est bien pratique pour entrer/sortir sans se gêner et stocker ses affaires. Mais une seule abside et 1 seul zip contribue à gagner du poids. A noter que des tentes à abside unique au niveau de la tête (comme les Hogan et Taurus de Vaude) offrent souvent un volume suffisant pour stocker 2 sacs à dos et 2 paires de chaussures.
- La protection contre les courants d’air et le froid. Il faut prendre le temps de regarder la toile intérieure (la chambre). Si elle est tout en mesh (façon moustiquaire), c’est plus léger et c’est très agréable quand il fait chaud. Mais ça laisse passer le vent, ce qui peut être désagréable par grand vent ou vent froid. Certaines toiles légères sont en mesh sur la partie haute mais ont une partie pleine en bas, parfois un peu plus haute au niveau de la tête pour un meilleur équilibre entre ventilation et protection. Si vous randonnez 3 saisons ou en conditions froides ou venteuses, cet aspect n’est pas négligeable.
Quel compromis sur la robustesse ?
La légèreté implique moins de matière. Pour cela, on peut jouer sur le volume de la tente, mais le 2ième levier est d’utiliser des matériaux plus légers et plus fins. Cela implique nécessairement une fragilité plus importante que les versions « plein poids ».
Voici 4 éléments à prendre en compte :
- Finesse du tapis de sol. On est bien souvent sur des tapis de sol avec un indice d’imperméabilité de 1200 mm (Schmerbers). Comparé à des tapis de sol de 5000, 8000, voire 10 000 mm Shmerbers sur les tentes légères « intermédiaires », vous comprenez que cela signifie des tissus plus fins. C’est moins l’imperméabilité qui est en cause que le risque de percer le tapis (qui de ce fait prendra l’eau). Il convient donc d’être vigilant lors de l’installation : évitez les terrains caillouteux et dégager les sols avec branches, ronces ou cailloux.
- Toile fine et coutures : pour une utilisation intensive, leur durée de vie sera plus courte que des toiles plus épaisses. Deux conditions météos peuvent fragiliser la toile : les UV si vous exposez longuement votre toile au soleil (ce sont des toiles prévues pour être repliées tous les jours) ; le vent et les fortes tensions exercées sur la toile qui peuvent rendre les coutures moins étanches à la longue. La fréquence d’utilisation et les conditions météos sont donc 2 éléments qui peuvent vous orienter vers une toile moins légère.
- Arceaux : là aussi plus fins, ils ne sont en général pas adaptés à des conditions sévères, même si la forme et la structure peuvent permettre de mieux résister aux rafales. Pour l’Islande par exemple, il vaut mieux privilégier la robustesse.
- Zips : en général pas de souci de ce côté en usage normal, mais les glissières peuvent moins supporter un usage intensif
Plus globalement, attention en cas de voyage au long cours ou d’utilisation intensive : ne faites pas de concession sur la solidité. Votre tente va morfler. Une tente ultra-light est inadaptée : vous aurez des galères. Et ce n’est pas parce que vous l’avez payée cher que ça la rend plus solide… Donc, priorité à la robustesse et prenez en soin.
Je vous suggère toutefois quelques parades pour limiter les compromis sur la robustesse :
- Pour protéger le sol de la tente, emportez un tapis de sol supplémentaire, pas forcément celui spécifiquement adapté à la tente, mais par exemple une bâche légère du type Magic Carpet (que vous trouvez sur la boutique ici). Si ça vous parait trop lourd, troquez votre couverture de survie « de base » pour une couverture de survie réutilisable comme la couverture de survie Argentée Trigano qu’on propose sur le site (160 g et adaptée au multi-usage). Et bien sûr, pensez à examiner et nettoyer le terrain si besoin.
- Pour l’étanchéité du sol, évitez de monter la tente dans un creux. Demandez-vous où s’écoulera l’eau s’il pleut.
- Si le vent se lève, pensez à haubaner : si elles ne sont pas incluses, prévoyez 4 cordelettes et 4 sardines pour ajouter des points d’accroche en hauteur. Cela limitera le tangage et la pression sur les arceaux.
- Pour le vent encore, cherchez un repli de terrain un peu plus abrité. A défaut, pensez à orienter votre tente pour offrir le moins de résistance au vent. S’il n’y a pas de vent ou bien un vent tournant quand vous montez la tente, choisissez l’orientation la plus sûre (plutôt dans le sens de la vallée qu’en travers).
- Si les zips forcent, n’insistez pas : il vaut mieux détendre un peu la toile au niveau de l’abside pour que la glissière fonctionne sans forcer.
- Enfin, pour préserver la toile extérieure, ne laissez pas planté la tente en permanence si ce n’est pas indispensable. Un été complet d’UV va cuire la toile.
En conclusion :
Vous l’avez compris, lorsqu’on choisit une tente ultra-légère, il faut être conscient de ce qu’on gagne mais aussi ce à quoi on renonce.
Si vous manquez de recul, voici mon avis personnel :
- Pour un usage sur plus d’1 semaine, l’inconfort devient, à mon sens, un aspect assez gênant. C’est franchement pénible si vous partez pour plusieurs semaines.
- A 2 avec une personne peu habituée au bivouac, il faut aussi un peu de confort pour préserver l’ambiance et la bonne entente.
- Les conditions météo difficiles (vent surtout mais aussi froid et pluie) poussent à choisir une tente suffisamment confortable pour y passer plus de temps que par beau temps, pouvoir se changer et préserver un espace sec. Ces mêmes conditions poussent également à privilégier une tente certes légère, mais suffisamment costaude.
- Pour un voyage de plusieurs mois, oubliez les tentes ultra-légères et privilégiez la robustesse.
- Enfin, pour bivouaquer seul, les tentes 1 place sont attractives mais toujours assez exigues. Beaucoup, préfèrent une 2 places.
Dans les autres situations, quel plaisir de porter une tente ultra-light qui se fait oublier dans le sac à dos et apprécier au bivouac !